Les points faibles relevés conformément à la liste de contrôle ci-dessus, ainsi que les mesures possibles, permettent d’élaborer un plan de mesures. Les mesures sont alors réparties en trois catégories: mesures à court terme, à moyen terme et mesures dépendantes.

Mesures à court terme

Mesures qui peuvent être mises en œuvre à court terme sans grands moyens financiers et/ou organisationnels. Ces mesures sont également appelées mesures immédiates. La plupart du temps, il s’agit de mesures de petite envergure, par exemple la modification de temps d’exploitation ou de valeurs de consigne, l’arrêt de composants non nécessaires etc.

Mesures à moyen terme

Ces mesures sont rentables en elles-mêmes, ce qui signifie que l’on atteint une durée d’amortissement inférieure à la limite exigée. Elles ne peuvent toutefois pas être immédiatement mises en œuvre car une planification est nécessaire, qu’on ne dispose pas d’un budget suffisant ou que pour des raisons industrielles, une mise en œuvre n’est possible que plus tard. Il s’agit ici typiquement de procédures relativement importantes, par exemple l’intégration d’une récupération de chaleur dans une installation de ventilation ou l’isolation ultérieure du plafond de la cave.

Mesures dépendantes

Il s’agit ici de points faibles dont la résolution serait trop coûteuse si elle se basait uniquement sur des motifs énergétiques. Ces mesures peuvent malgré tout être mises en œuvre dans le cadre de transformations ultérieures requises pour d’autres motifs. C’est pourquoi, on les appelle mesures dépendantes. Il peut par exemple s’agir de l’amélioration de l’isolation du toit plat, qui ne pourra toutefois être réalisée que lorsqu’un défaut d’étanchéité nécessitera un assainissement global.

Cette liste ordonnée de mesures donne un aperçu des investissements nécessaires, des économies possibles et des étapes requises à plus long terme.

Calcul du rapport coûts-bénéfices

Pour chaque mesure, on calcule un rapport coûts-bénéfices. Les coûts de la mesure (investissement unique pour la mise en œuvre de la mesure) sont comparés aux économies annuelles.

La détermination des coûts des mesures est effectuée par les personnes qui élaborent le catalogue de mesures. La qualité des chiffres dépend largement de la compétence et de l’expérience de ces personnes. Pour éviter des difficultés et des frais trop élevés, on ne peut raisonnablement élaborer un projet complet avec devis pour chaque mesure. Etant donné que les mesures sont nombreuses, des imprécisions sur des mesures individuelles devraient s’équilibrer. On peut également ajouter à ces coûts un supplément pour les frais de l’analyse des points faibles ainsi qu’éventuellement pour des dépenses du maître d’ouvrage. Les honoraires pour la mise en œuvre doivent bien entendu être pris en compte. A partir de cet investissement unique, il faut ensuite calculer, à l’aide d’un calcul d’amortissement, des taux d’amortissement annuels (= frais de financement). Ce calcul s’appuie à nouveau sur le taux d’intérêt souhaité ou requis et sur la durée d’amortissement définie.

Le calcul des bénéfices (l’économie totale) s’effectue en quantifiant l’économie d’énergie et en la convertissant en francs, sans oublier de prendre en compte l’entretien.

Pour les mesures individuelles de grande envergure, dans lesquelles différentes variantes ont été élaborées, c’est la variante la plus intéressante qui doit être choisie. (Tabl. 8)

Tabl. 8: Grille d’un tableau de mesures

Le rapport coûts-bénéfices exprime la différence entre les coûts annuels (= amortissement) et les économies annuelles (bénéfices) d’une mesure. Toutes les mesures ayant un facteur coûts-­bénéfices inférieur à 1 sont économiquement intéressantes. Un rapport coûts-bénéfices de 0,5 signifie que les coûts représentent la moitié des bénéfices, tandis qu’à l’inverse, un facteur de 2 signifie que les coûts représentent le double des bénéfices.

Le tableau indique les mesures d’assainissement avec leur référence et leur désignation. La référence permet une identification claire et une recherche rapide. Elle peut même être structurée, par exemple H1K à H8K: mesures à court terme concernant le chauffage, L1M à L12M: mesures à moyen terme concernant la ventilation, B1S à B4S: mesures immédiates concernant l’exploitation, etc. ou peuvent être différenciées en fonction des bâtiments, des services ou d’autres structures.

A chaque mesure sont associés, dans la documentation de l’analyse des points faibles, une description et un calcul des coûts et potentiels d’économie.

Pour ce qui est des économies, on peut différencier les formes d’énergie (chaleur, électricité, éventuellement froid, air comprimé) ou les agents énergétiques (mazout, gaz, électricité etc.). Dans certains cas, il ne faut également pas oublier l’eau ainsi que, si nécessaire, d’autres fluides.

Dans le calcul des économies, il est important de ne pas oublier les influences et dépendances mutuelles. Ainsi, une mesure peut diminuer le potentiel d’économie d’une autre (ou éventuellement l’améliorer), de sorte que lorsqu’elles sont mises en œuvre toutes les deux, l’économie réalisée ne correspond pas à la somme des deux mesures individuelles. Exemple: dans un bureau, l’éclairage consomme actuellement 1500 kWh d’électricité par an. La mesure 1 doit permettre de réduire de moitié la puissance installée pour l’éclairage, grâce à de nouvelles lampes. Cela permet d’économiser 750 kWh. La mesure 2 doit, à l’aide d’une commande automatique de l’éclairage en fonction de la lumière naturelle, réduire de moitié la durée de fonctionnement. Cela permet également, par rapport à aujourd’hui, d’économiser 750 kWh. Si l’on ­cumulait le bénéfice des deux mesures, cet éclairage ne nécessiterait donc à l’avenir plus aucune électricité.

Il est également primordial de ne pas oublier les coûts d’entretien et d’exploitation (intégrés éventuellement dans l’entretien). Selon la variante choisie, ceux-ci peuvent être nettement différents et représenter, en valeur, davantage que l’énergie. Si les coûts d’entretien et d’exploitation augmentent, ils sont inscrits de façon négative dans le tableau.

La durée d’utilisation peut correspondre à la durée de vie minimale assurée des installations ou composants. Les indications de durée d’utilisation figurent par exemple dans la recommandation SIA 380/1. En général, les durées d’utilisation pour les installations techniques du bâtiment s’élèvent entre 10 à 20 ans, pour les composants entre 30 à 50 ans. Souvent, pour des raisons de politique commerciale, la durée de vie n’est néanmoins pas basée sur la durée d’utilisation, mais sur la durée d’usage en fonction de l’activité commerciale. Par exemple, il est souvent difficile d’affirmer qu’une halle de production ou une banque sera encore utilisée telle quelle dans 5 ans. C’est pourquoi on exige parfois que les investissements soient amortis en 3 à 5 ans. La prescription des durées d’utilisation dépend ainsi d’une part de la situation technique, d’autre part de la situation de politique commerciale.

L’amortissement annuel est calculé à partir de l’investissement et de l’annuité. L’annuité est le pourcentage annuel pour la rémunération et l’amortissement de l’investissement. Il est calculé à partir du taux d’intérêt exigé et de la durée d’utilisation avec un calcul de l’intérêt composé, ou plus simplement, est relevé dans un tableau. La détermination du taux d’intérêt est une fois encore une question de politique commerciale ou financière. Il peut se baser sur le taux d’intérêt moyen pour les capitaux de tiers (typiquement les hypothèques – 4 à 5,5 %) ou sur la rentabilité exigée du capital propre (jusqu’à p. ex. 15 %).

Les économies totales sont la somme de toutes les économies annuelles en termes d’énergie, d’autres utilités et d’entretien. Les éco­nomies d’énergie et d’autres utilités doivent alors être converties en valeurs monétaires. Le prix de l’énergie pris comme base doit correspondre au prix de l’énergie effectif moyen pendant la durée d’utilisation future. Etant donné que les prix de l’énergie ne sont pas prédictibles, cela s’avère relativement difficile. Selon le cas, on peut se baser sur les prix actuels de l’énergie en compensant des variations à court terme, ou tenter un pronostic. Lorsque l’on table sur une augmentation (ou diminution) des prix de l’énergie, on peut multiplier le prix actuel par un facteur moyen de l’augmentation des prix de l’énergie. Celui-ci dépend du renchérissement moyen (en pourcent) et de la durée considérée (= durée d’utilisation) et figure dans des tableaux. Pour les coûts d’entretien et d’exploitation, on peut, également, considérer un renchérissement de la même manière.

Le facteur coûts-bénéfices est finalement calculé à l’aide d’une division simple, les coûts (d’amortissement) par an divisés par les économies annuelles.