En principe, on distingue deux cas qui ont des effets différents au regard des tâches d’optimisation énergétique à mettre en œuvre:

  • Construction nouvelle
  • Bâtiment existant

3.7.1 Construction nouvelle

La construction nouvelle est un cas véritablement avantageux. Dans le cadre du management de l’énergie, elle permet dès le début d’élaborer un concept énergétique et un concept de mesure correspondant à celui-ci. Souvent, ces concepts sont déjà prescrits ou prévus dans le cadre d’une certification du bâtiment.

La principale difficulté est l’estimation du besoin futur en énergie engendré par l’utilisation du bâtiment. Dans la pratique, on constate des difficultés différentes.

Si l’utilisation est à peu près connue, un planificateur expérimenté peut estimer approximativement la quantité d’énergie qui sera consommée. En outre, il pourra également déterminer où il est intéressant d’enregistrer des données relatives à la situation énergétique et de les exploiter.

Dans de nombreux cas, on ne connaît toutefois pas du tout le futur utilisateur ou la façon dont le bâtiment sera utilisé. Dans ce cas, il est difficilement possible de prévoir précisément le besoin en énergie. Les concepts de mesure doivent être élaborés dans cette hypothèse. En tout premier lieu, on prévoit uniquement des appareils de mesure qui se limitent à l’enregistrement de données énergétiques pour la plupart globales, relatives à de grandes unités d’un complexe de bâtiments ou d’un bâtiment. Ce n’est que dans un deuxième temps que l’on peut ensuite réaliser un classement selon différents étages ou zones. En général, l’effort (financier) est alors également important. Le concept de mesure doit permettre, autant que possible, de mettre en place un poste de mesure partout où cela est nécessaire.

De plus, dans la phase de planification et de construction, toutes les parties prenantes se concentrent sur la construction du bâtiment elle-même. Le concept de mesure est quant à lui orienté sur l’utilisation ultérieure. Souvent, on ne lui accorde pas l’attention nécessaire.

Autre problème à prendre au sérieux dans la pratique: celui de la transmission des informations à la clôture de la construction, avant la mise en service. Le concept de la technique du bâtiment reste souvent flou pour l’exploitant. Il est donc plutôt rare que les installations puissent fonctionner de façon optimale. Hormis la phase dans laquelle les installations sont « mises en route », il existe une phase plus longue, dans laquelle les installations doivent être adaptées à l’exploitation du bâtiment. Ce n’est qu’ensuite que l’on peut commencer à mettre en place un management pertinent de l’énergie, ou alors il faut considérer cette optimisation de l’exploitation comme l’une des premières phases les plus importantes du management de l’énergie.

Le cycle de vie d’un bâtiment est représenté à l’aide du modèle 4P développé à l’Institut für Facility Management. Ce modèle considère les différentes phases du cycle de vie dans le contexte des 4P « People, Performance, Planet et Profit ».

Dans le cycle de vie d’un bâtiment, la phase d’utilisation et d’exploitation est la phase dominante (Illustr. 7). Si, dans la phase de transmission de l’information, entre la planification et la construction d’une part et l’exploitation du bâtiment d’autre part, on omet de transmettre les détails nécessaires à l’exploitant, les efforts à fournir dans la phase de démarrage, c’est-à-dire après la mise en service du bâtiment, seront considérables.

Plus cette transition est réussie, et mieux l’exploitation ultérieure a été prise en compte dès la phase de conception, de planification et de construction, meilleur sera le déroulement de la mise en service et l’adaptation de l’exploitation de la technique du bâtiment à l’utilisation réelle du bâtiment. Le management de l’énergie peut alors se concentrer davantage sur l’influence des utilisateurs.

Illustration 7: Modèle 4P relatif au cycle de vie d’un bâtiment
Traduit par: Ashworth S., 2012, Added Value of FM Know-how, travail de master ZHAW, Wädenswil

Ce n’est pas par hasard si le Facility Management se trouve au centre du modèle 4P. C’est là que réside la responsabilité de l’exploitation optimale du bâtiment. Le modèle montre où et comment une valeur ajoutée peut être obtenue dans le cycle de vie du bâtiment lorsque dès le début, un Facility Manager expérimenté aux perspectives stratégiques est impliqué.

Dans ce cas, l’élaboration d’un concept de communication pour les utilisateurs du bâtiment est également déterminante. Si l’on parvient à « rallier » les utilisateurs, cela influence de façon positive leur comportement ultérieur. De nombreux utilisateurs (collaborateurs d’une entreprise dans le bâtiment) apportent à la base un comportement de fond positif et cohérent avec une consommation efficiente de l’énergie. Un tel concept doit prendre en compte les points suivants:

  • L’idée de base du bâtiment (quelle était l’idée?)
  • La qualité du bâtiment (Minergie P, certification DGNB selon la SGNI)
  • Les informations générales sur la taille, la surface etc.
  • L’utilisation prévue (dans quel but, de quelle manière?)
  • La fonction des installations techniques du bâtiment
  • Les services responsables (où peut-on s’adresser?)
  • Autres points si nécessaire

Si l’on pousse un peu plus loin l’idée du concept de communication, on parvient automatiquement à l’exigence de mettre en place une sorte de « permis de conduire » pour les utilisateurs du bâtiment. C’est très exagéré, néanmoins une initiation obligatoire à l’utilisation du bâtiment serait très souhaitable. Dans le cas d’une nouvelle voiture, par exemple, cela va de soi. La procédure précise doit être déterminée conjointement par l’équipe de planification (à laquelle appartient bien entendu le Facility Manager) et par l’exploitant du bâtiment.

3.7.2 Bâtiment existant

De nombreux paramètres importants pour l’exploitation du bâtiment sont évidemment déjà définis dans les bâtiments en cours d’utilisation. Cela concerne les surfaces, les installations techniques et l’utilisation.

Après un relevé complet de la situation énergétique du bâtiment concerné, il convient tout d’abord de réaliser une comparaison avec des prescriptions ou références connues sur les valeurs de consommation. Ensuite, il faut analyser la fonctionnalité des installations techniques existantes du bâtiment. Les améliorations qui pourraient résulter d’une optimisation de ces installations techniques sont analysées, et des mesures sont mises en œuvre dans la mesure du possible et de façon pertinente.

A partir de ce moment, on étudie le comportement des utilisateurs. Souvent, cette étape s’accompagne également d’un questionnaire de fond sur les processus et méthodes devenus usuels. La communication joue ici un rôle décisif. Les mesures les plus fructueuses sont celles qui économisent de l’énergie, mais n’entraînent aucune restriction ou perte de confort. Etant donné que le plus souvent, les bâtiments sont planifiés et construits sans que l’utilisation ou les utilisateurs soient précisément connus à l’avance, il est courant qu’une organisation ou une entreprise doive s’adapter aux conditions d’un bâtiment. Il s’agit là d’un processus relativement long qui exige quelques efforts. Si, au fil de la mise en place du management de l’énergie, il faut remettre en question ou réprimer des modes de comportement « entrés dans les mœurs », la situation peut devenir conflictuelle.